Alep,
Où le ciel effleure le désert,
Où la barque de mon imaginaire
Accoste les souffles d'Orient.
Le panorama est si beau
Qu'il engendre mélangés,
La mélancolie et le sourire.
Elle a cherché à surpasser en durée les jours et les années,
Mais, depuis 2011
Les années courent,
Les saisons sont toutes pareilles
Et les jours se succèdent dans l'horreur et la barbarie,
Sous le gris de la poussière, soulevée par les bombes
Qui sèment la mort et l'abomination.
Le feu meurtrier pleut sur Alep,
L'horreur est au quotidien.
Tragédie effroyable.
Les pleurs étouffés, les cris de désespoir,
Ponctuent l'écroulement des immeubles.
Le feu et le sang se mélangent dans un horrible bouillon.
Le chlore mange les poumons des enfants
Qui meurent au milieu de leurs jeux.
La sève de la vie s'écoule des plaies béantes
Génocide ignoble, massacre qui suscite l'horreur.
Une ville martyre devenue champ de ruines
Sous lesquelles s'accumulent les deuils.
Devant ces images impitoyables
Le ciel verse des larmes de sang.
Et les cris lancinants des suppliciés
Déchirent le poids du silence.
Peut-on supporter l'insupportable?
Qui tient les orgues sadiques de la nuit ?
Regarde mes yeux d'enfant,
Que t'ai-je fait pour que tu assassines mes parents,
Mes frères et mes sœurs innocents,
Maintenant, près des ruines de ma demeure,
Enveloppés d'un linceul blanc ?
Ta folie meurtrière massacre le soleil d'antan
Et tue pour toujours mes rêves et mes espoirs d'adolescent.
Vous êtes des prédateurs
Et vous aimez l'odeur du sang.
Déshumanisation, cruauté absolue, injures faites à l'homme.
Qui êtes-vous pour faire couler le sang des bébés ?
Abjects assassins!
Je ne peux rester sans voix devant tant de cruauté,
Pour garder un pouvoir trempé dans un baquet de sang.
Garder le silence serait complicité.
Je veux fustiger le visage de cette férocité
Et le meurtre de l'innocence.
Révolte,
Cœur brisé.
Crier devant l'hypocrisie et la duplicité.
Il se prend pour un sultan, il se couronne en tsar.
Bachar el-Assad et Poutine se régalent
Des gesticulations de l'assemblée des nations.
Le peut-être prochain Président de la France,
Catholique ardent,
Affiche son amitié pour ce despote russe.
Douce France… pauvre France !
Lâcheté infinie.
Je ne peux m'empêcher
De hurler ma colère
Contre ces tyrans
Insensibles à la détresse humaine,
Contre l'impuissance du peuple des nations,
Contre mon impuissance.
Tristesse infinie.
Demain,
Peut-on croire à un avenir meilleur
Où la lumière jaillira en espoir de paix,
Le temps où bourgeonnent les roses ?
Un poétique espoir ?
Peu importe le vent
L'oiseau choisit la route de la liberté.
Que le soleil disperse le gris poussiéreux
Et éclaire l'amour, la douceur
Et le sourire de paix des enfants.
L'horizon sombre soulevé au-dessus du bleu
Par toutes les mains serrées.
Mais comment oubliera-t-on cette page noircie de douleur
Et l'odeur du sang
Dans mon cœur éclaté ?
José, le 23 novembre 2016