La fêlure,
Si belle et si triste à la fois
Par ta blessure à peine ouverte
Filtre en moi la lumière qui me noie.
Coule l'eau étanchant ma soif,
Flue la vie qui en fleurs renaîtra
Le temps fait la déchirure.
Blessure béante de la vieillesse,
Fêlure qui lentement m'assassine
Rassemble les heures de l'éraillement.
Amer est le chant de la cloche fêlée
Jetant endolori le cri sacré.
Mon âme aussi râle sa voix cassée,
Portée au-dessus de la mare de sang
Des espoirs décimés.
Refuser les pièges du monde,
Percer l'invisible des mots déchirés,
Être maître de mes mots.
De la trouée lumineuse, jaillir.
Résoudre l'énigme
Du chant des mots psalmodiés,
Dans l'obscurément présent
De la fugitive lumière.
La douleur primitive
File la couverture de mon intimité.
Valse triste dans le tourbillon
D'une plainte embaumée de la fragrance du passé.
Quel est ce cri dans le bas de mon âme ?
Vague à l'âme dans la vie,
Je dors dans un espace qui ne m'appartient pas.
Je doute de tout et surtout de moi-même,
Quand les années s'enfilent sur le poteau du temps
Et surfent sur l'étrange désir de vivre pourtant.
Dans un froissement d'ailes
Ou dans le fracas de la guerre
Passe le temps qui emprisonne mon corps
Dans la dégénérescence,
Loin de mes rêves d'antan.
Écrire pour fuir la fêlure du monde,
Croire à la paix des âmes…naïveté !
Les plaies suintent encore et toujours.
Hurle le bruit du mal !
Je bois le ciel livide où perce la tornade,
Lumière étranglée qui me fascine,
L'inanité de l'action à la surface du verso.
Bien loin d'ici, dans un autre ailleurs
Encore, je cherche l'espace sonore de la volupté
Enfoui dans les couleurs chatoyantes du passé
Fleurit une fugitive beauté,
Comblant la faille d'une ardeur fruitée.
La suture d'un tapis de fleurs fera lien.
M'avancer dans un rai de lumière
Avide est l'esprit de couleurs naissantes
Issues de la cavité profonde des noires crevasses.
Bouquet de couleurs,
Par la fêlure légère
Avive mon âme
À la fleur de mon amour pour tout.
José
Hévillers, le 26 avril 2015