C'est le début,
L'aube se lève timidement.
Sa lumière blafarde chasse la profondeur de la nuit.
Soudain, dans l'épais silence
Porté par un souffle de vent
Le cri égorgé du coq, l'oiseau du levant,
Claironne éperdument l'appel du soleil qui en réponse
Semble se répandre sur la campagne pleurante de rosée.
Le forgeron, déjà levé, souffle sur les braises rouges
Et fait renaître le feu qui jaillit des cendres de la nuit.
Le merle prend le relais du coq,
Et son chant mélodieux encourage
L'ascension du fils d'Hypérion
Qui, sur l'échelle des nuages
Se hisse au-dessus de l'horizon
Alors, la vie s'agite dans les cités et dans les champs.
La foule, doucement, encore endormie,
Envahit la ville tel un vent inconnu venant d'un désert.
Bientôt, elle fourmille, elle s'agite, elle s'engouffre,
Comme d'ardents essaims bourdonnants,
Dans les voitures, dans le métro, dans les tours.
La lumière dorée n'a pas encore atteint le bas des immeubles
Que déjà les cerveaux travaillent, illuminés par leurs écrans
Où des chiffres et des lettres dansent une gigue endiablée.
Le vieux clocher du village jette son ombre noir
Effrayante et coupante, sur les toits grisâtres
Des chaumières dans lesquelles les fourneaux s'allument.
Le forgeron en tablier de cuir,
Solidement camper sur ses deux pieds,
Puissant des bras, frappe, à la cadence de son souffle,
Le fer plat rougeoyant posé sur l'enclume.
Et déjà, la sueur ruisselle sur son visage.
Le soleil brille au zénith et darde ses rayons brûlants.
Accouplement éphémère de la lumière à l'ombre du béton.
Le paysan ne tolère aucune herbe folle
Et raye de longues stries brunes la peau de son champ.
Pénétration de la chaleur dans le cœur de la semence.
La terre est amoureuse et elle enfante une beauté fragile.
L'espoir est joyeux et ne trébuche pas contre la tombe,
Les vœux sont infinis et l'ardeur insensée
Pour le bonheur de demain dans nos cœurs étonnés
Par le destin borné enlaçant le présent toujours là
Au son du violon qui pleure
Et grince encore sa douleur
De tous les jours perdus.
Bel astre lumineux, ta vie n'a qu'un temps.
Déjà, ton feu décline et ta lumière vacille.
Point d'arrêt à ton cours descendant.
C'est comme la fin d'un voyage
Que l'on croyait sans limite.
Sur une plage d'un soir d'été, tu plonges
Doucement et te noies dans une mer lointaine.
Les arbres sont devenus noirs,
L'espace s'est tu.
Fascination d'une fin de journée
Dont la lune pleine
Eclipse les étoiles.
Il ne te reste que tes ailes
Pour t'enfuir dans un pays merveilleux,
Là où il n'y a pas d'autrefois,
Là où tout ce qui est vrai, reste vrai.
Là où il ne peut y avoir d'amitié sans une vraie réciprocité.
Là où rien ne peut ternir le miroir de la vérité.
Il n'est si belle fleur qui ne se fane demain.
C'est la fin de l'histoire… ou une histoire sans fin?
José, 22 avril 2019