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Oh oui, de cette photo surgissent quelques souvenirs des brumes de ma mémoire.

Le petit bâton avec lequel notre instituteur de deuxième nous menaçait si nous n'étions pas sages et les images pieuses de saint Tarcisius  que l'on recevait pour récompenser notre bon travail; les méthodes d'éducation ont bien changé !

 Le poêle à charbon aussi élancé qu'un mannequin de chez Dior et son conduit de fumée, interminable cordon ombilical, qui le reliait à l'extérieur. La réserve de combustible était prisonnière d'un contenant en fonte ressemblant à une baignoire. Des rosaces courraient tout le long du bord rehaussant ainsi son statut de simple récipient. La pelle émergeait à demi du charbon comme le corps de celui qui prend son bain (dominical à l'époque).

L'ardoise qui, si elle n'était pas en pierre naturelle, se garnissait de boursouflures à force d'effacer, avec l'éponge imbibée d'eau, nos exercices de français et de calcul tracés à la craie blanche.

L'épouvantable longueur des chapelets récités tous les matins du mois de mai envahissant d'une musique (!) monotone nos oreilles d'enfant.

Un vague souvenir du frère Grégoire, titulaire de troisième et d'une chanson populaire qui s'intitulait "le petit Grégoire" que l'on chantait en son honneur en se moquant gentiment. Du titulaire de sixième au visage congestionné qui le rendait aussi rouge que l'encre qu'il utilisait pour corriger nos copies.

La cour de récréation qui me paraissait immense et servait de scène à nos courses folles lorsque l'on s'imaginait être l'étalon rapide qui portait le chevalier lors des batailles de la guerre sainte. À l'entrée de cette cour, trônait le large escalier de fer menant au bureau du frère directeur. C'est là que celui-ci nous entraînait à tirer la langue pour recevoir des hosties non consacrées pour préparer notre première communion. 

Moins drôle, nous y passions aussi les visites médicales et l’on s'y faisait vacciner.

A la récréation, étaient déposées sur l'escalier métallique les petites bouteilles pensues contenant du lait que nous recevions gratuitement, nous n'étions pas très loin de la fin de la guerre. Les large goulots laissaient sur nos lèvres une traînée blanche qui nous faisait bien rire. Avant d'entrer en classe, on l'essuyait subrepticement d'un revers de manche.

Dans le fond de la cour, les urinoirs parfaitement alignés comme de bons petits soldats, étaient protégés par un auvent soutenu par des poteaux métalliques. Une gaine contenant les fils électriques courait le long de la gouttière de ce préau. Un jour elle s'est brisée avec pour conséquence de conduire le courant sur le poteau situé à proximité. Par jeu, nous avions formé une chaîne en nous tenant par la main. Le premier maillon saisissait le poteau et le dernier recevait la décharge électrique. Alors, dans un grand éclat de rire nous nous éparpillions comme une bande de moineaux, pour recommencer aussitôt. Nous n'étions pas conscients du danger qui nous guettait.

Comme une excroissance à la grande cour dallée, la petite cour en terre battue donnant sur la rue Beckers. Nous y jouions aux billes: au carré ou au put (n'allez pas croire qu'il manque une lettre à ce mot).

L'école que nous fréquentions était gratuite, mais je crois que l'enseignement qu'on y prodiguait était de qualité et que les instituteurs étaient des enseignants dévoués.

Un couloir traversait nos classes et nous l'empruntions quelques fois pour nous rendre dans le bâtiment abritant la salle des fêtes, isolée au bout d'une immense cour. On traversait ainsi le domaine de l'école payante qui était adossée à la nôtre. L'entrée de la cour était garnie d'un jardinet dans lequel on trouvait une réplique miniature de la grotte de Lourde avec la Sainte Vierge. Elle me faisait rêver la verdure des arbustes de ce petit coin tranquille parmi le béton ! En y passant, j'avais l'impression de respirer un bol d'air pur. Il servait aussi de décor aux photos de classe.

Que sont-ils devenus tous ces compagnons de classe ? Ceux qui étaient nos amis, ceux que l'on fréquentait moins et les rares "trop sages" que nous n'aimions guère.

Que de bons souvenirs !classe-2-prim1.jpg

 

                                     "Mais où sont les neiges d'antan"?

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- dans Métopes

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